samedi 8 octobre 2011

Rose : la couleur de la révolte ! - épisode 1



Chef du studio d'enregistrement, directif :
"Chut ! On va enregistrer la voix-off de la bande-annonce ! Guillaume, tiens-toi prêt, Coco ! 5, 4, 3, 2, 1, top !"


Guillaume, inquiet :
" Un Retour aux Sources Entertainment est fier de vous présenter sa passionnante nouvelle série, une hypo-production campagnarde à budget spectral virtuel : Chardon, le..."

PAF !! 

Guillaume, en sursaut:
"Aïe ! Pas sur la tête !" Puis paniqué, se retournant : " Mais je n'ai encore rien dit !! C'était quoi, ce truc ? La taloche de mon esprit inquiet ? Celui qui voudrait me dissuader de chatouiller un sujet aussi sensible... ? Qui sait si des hommes en noir ne seront pas venus m'inviter au silence quand j'aurai fini de lire ces lignes ?"

Chef du studio d'enregistrement, agacé :
"C'est bon Guillaume, arrête de psychoter, t'es seul en studio !"

Guillaume, se ressaisissant, abusant de la veine flamboyante :
"Chardon ! Derrière ce vocable comme derrière une bannière, se profile un cortège de vaillants bretteurs aux pointes acérées. "Qui s'y frotte, s'y pique!" clament ces plantes rebelles dressées face à l'oppression de l'agro-industrie chimique, intensive et destructrice. Des végétaux porte-drapeaux, hérauts de la biodiversité ordinaire. Et si !

Qu'il 'agisse du meneur, le chardon des champs (Cirsium arvense) recherché par Interpol et toutes les polices européennes ou de ses admirateurs zélés (Cirsium lanceolatum, Carduus nutans, etc.), tous sont confondus les uns avec les autres. Ils se reconnaissent sous le terme vernaculaire et générique de "Chardon" et parfois aussi, celui de "Cirse", nom de code utilisé pour les actions top secrètes.
Mais surtout, ils ont en commun de ressembler à ces inusables méchants. A ces durs à cuire qui jurent qu'ils reviendront toujours. Et qui tiennent parole. Leur devise assénée dans les cinq dernières minutes avec une régularité d'horloger suisse, leur ténacité revancharde flirtant avec le pathologique, leur cuir coriace et revêche relèvent presque du grotesque. Personne n'imagine l'existence de personnage aussi retors et indestructible. En effet, la propagande des lobbies agro-alimentaires leur a taillé un costume de super vilain tellement ridicule, leur a bâti une réputation tellement détestable, qu'on peine à y déceler l'once d'une pseudo amorce de trace de micro-poil de substantifique moelle de vraisemblance.

Et pourtant, malgré les herbicides, la prophétie se reproduit inexorablement. Tout chardon qui se respecte revient tous les ans hisser son outrecuidante chevelure hirsute, carrément mauve ou rose ! L'intrus indésirable s'incruste au cœur des régiments uniformes de clones végétaux en formation, les pieds dans des poisons n'épargnant ni les abeilles, ni les oiseaux. Couleur bravache ? Comme un pied de nez présenté à la face des chimiquiers ? Il semble clamer : "Hé, les gars ! Même pas mal, tout en métal. Je suis de retour !"

Mais il n'est pas sûr que l’engeance soit si maléfique qu'on veut bien nous le faire croire. Représente-elle vraiment une menace aussi terrifiante pour l'agriculture qui nous doit nous nourrir? Et de quelle agriculture parle-t-on ? Et pourquoi, alors, le Chardon est-il si apprécié par la faune ? Vous le saurez en visionnant le prochaine épisode de "ROSE : la couleur de la révolte !"

Chef du studio d'enregistrement, soulagé :
"Bon ! Eh ben, tu vois ? Tu l'as dit ton discours ! Fallait pas en faire tout un fromage ! En plus t'en as gardé beaucoup sous la semelle ; tu n'as quasiment rien révélé. Tu parles d'une prise de position ! Tu t'es pas trop mouillé, je trouve ! Bon, allez, à lundi pour la suite."

Guillaume, pas rassuré pour un sou :
"On voit bien que c'est pas toi qui t'exposes ! Ah mais pourquoi faut-il toujours que je défende ces maudits chardons, avec toutes leurs épines ? Pff ! Ferais mieux de réhabiliter les rosiers sauvages, tiens !"


Guillaume.

PS : merci et bravo à Olivier, l'illustrateur.

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